La colonisation a produit un « monde coupé en deux », selon l’expression de Frantz Fanon, racialement hiérarchisé reposant sur la déshumanisation des colonisés. Inversement, la colonisation a inventée des « surhommes », une « race de Seigneurs ». Cette déshumanisation a permis de justifier toutes les exactions, les conquêtes génocidaires, les massacres de masse pour réprimer les luttes de libération nationale,sans compter l’esclavage ou l’instauration de législations d’exception, comme le Code de l’indigénat.
Cette politique coloniale a traversé la Méditerranée avec les premiers travailleurs immigrés venus d’Algérie au début du XXème siècle. Comme l’écrivait Malek Bennabi, « “l’indigénat” avait traversé plus aisément la Méditerranée que les “indigènes” ».
Ce livre essaie de comprendre comment, plus de cinquante ans après les "indépendances", une gestion coloniale des populations non-blanches, de leurs cultures et des espaces dans lesquelles elles vivent, perdure t-il en France ? Comment l’exception coloniale se redéfinit-elle afin de préserver un ordre social inégalitaire marqué par l’hégémonie occidentalo-centrée ?
Docteur en histoire, Youssef Girard est spécialiste du mouvement national algérien et de la colonisation.
Cette ouvrage est préfacé par le sociologue Siad Bouamama.